Ensuite les morceaux du boucher àla plancha, l’araignée la poire la hampe... juste grillés pour que le cÅ“ur reste chaud. Mirabelle adore les frites de ce restau et le garçon qui le sait lui apporte double dose, avec un autre verre de Cornas rouge. Au diable le Bordeaux, la vallée du Rhône accouche de si bons vins. Mais point trop n’en faut car, pour ce dernier jour elle s’est assignée une mission spéciale : autant le garçon est sympathique et avenant, elle en ferait bien son quatre heures, autant le patron est haïssable : ce sera sa prochaine victime. Attention, s’il vient toujours saluer sa fidèle cliente, c’est toujours accompagné d’un pittbull aussi aimable que lui. Il doit renifler le travail de Mirabelle. En général, le patron, faux derche apporte l’assortiment de fromage avec le traditionnel verre de St Joseph blanc, c’est ainsi que Mirabelle aime finir le repas.

Se doute-t-il de quelque chose ? Ce con de chien grogne encore plus fort que d’habitude.

- Couché, Bénito ! Pour une belle journée c’est une belle journée !

Mais ce con de chien est encore plus con que méchant et Mirabelle qui avait gardé un bout de flanchet le balance de l’autre côté du quai dans la flotte glacée. Comme s’il n’avait pas bouffé depuis quinze jours, Bénito suit le même chemin et plonge.

- Au secours ! Il ne sait pas nager. Le patron, désespéré s’agenouille exhibant sa poche revolver de laquelle dépasse l’objet de convoitise. A la vitesse de l’éclair, mais pas suffisamment pour l’Å“il exercé du garçon, Mirabelle happe le rectangle de cuir. Un yachtman repêche le pauvre chien, le patron le prend dans ses bras et se précipite au chaud sans un regard pour sa voleuse, qui, tranquille, finit son Saint Marcelin. Puis elle se lève, règle la note agrémentée d’un gras billet et d’un clin d’Å“il au garçon.