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13 juin / série "20"

13 juin / Cui cui coin coin glou glou (Partie 4/5)

dimanche 13 juin 2010, par Blackout

Cui cui coin coin glou glou (Partie 4/5)
 
Maman a la mauvaise habitude d’apporter les légumes après la viande. Je crache dans la soupe, hein ? Il y en a qui crèvent de faim. Et même que j’en connais. Mais si on est adolescent, alors, c’est bien pour ça non ? L’adolescence, c’est bien l’âge bête, non ? La preuve, maman nous concocte des pommes dauphines, parce qu’elle sait qu’on aime bien, c’est du boulot les pommes dauphines, le congelé n’existe pas encore, ou si peu, et bien moi, c’est le cresson que j’aime bien. C’est sympa le cresson. On le voit pousser au fond des ruisseaux d’eau claire, même que si on veut en chiper on a les mains bleues, àforce, tellement l’eau est froide. Enfin, on va pas en faire une rédaction, hein ? Les rédac de deux pages sur le cresson, c’est pour les fayots, pour les mômes que mes parents admirent àla remise des prix, ceux qu’ils auraient bien aimé avoir, mes parents. "Le cresson, prononcez : creçon. Famille des cressonidées a vu le jour en Egypte sur les bords du Nil – en rédaction, toutes les inepties sont permises. Importés au XVIème siècle par Champollion, il fit reluire les palais àVersailles, rare légume accompagnant alors le gigot. On ne pensa àl’assaisonner de vinaigrette après 1789, ce qui lui valut le surnom de salade révolutionnaire. Pendant l’occupation, les pauvres français en étaient réduits àmanger jusque les racines. Puis vint l’apogée du cresson, qui fut servi dans les plus grandes tables, sa belle couleur verte mettant en valeur le rouge - couleur complémentaire - du rosbif’. Alors, vous voyez ? Moi aussi je peux.
Qu’est-ce qu’on se fait chier !
 
Le plateau de fromage est le reflet de la vie de mes parents : il se doit d’être varié et convenable. La vie de mes parents est plâtreuse comme du Brie pas fait, leur sexualité se limite àl’obligatoire, trois rapports comme les trois chèvres présents sur le plateau, la bà»che la tome, le cendré, obligatoires mais secs, le bleu pourrait apporter de la diversité mais il est sous plastique, la vie de mes géniteurs est hygiénique comme le Cantal pas cher, au goà»t de savon. Que dire du Reblochon ? Le plateau de fromage se doit d’être varié selon les convenances, mais selon le porte-monnaie, certaines portions traînent savate depuis dimanche dernier. C’est pas qu’on les aurait pas mangées, mais le regard de papa pousse àla modération. C’est le moment de la journée où le champ de colza est battu par le reblochon. Le reblochon. Maman se tue àen acheter parce que c’est moins cher mais personne n’y touche, surtout ne pas y toucher, car en matière d’odeur corporelle le reblochon ne fait pas dans la dentelle… Au deuxième dimanche, un petit morceau de reblochon ? vous verrez c’est très bon… Venant de maman, la menace n’est pas àprendre au sérieux et le fromage savoyard passera en troisième semaine. Car le reblochon, au nom de la variété du plateau du dimanche, passe la semaine en haut du frigo, prudemment emballé dans du papier d’aluminium. Mais le troisième dimanche, lorsqu’arrive le plateau. Un morceau chacun, allez ! Et ce dimanche-là, les deux frères n’oseront pas aller jouer au foot et moi je passerai mon après-midi sous la douche. Vous pensez que j’exagère ? Bien sà»r que j’exagère, sinon àquoi cela sert-il d’être adolescente ?
 
A suivre...
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