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17 mai / série 2012 - Nouvelles de demain

17 mai / A la marge 4/5

jeudi 17 mai 2012, par Blackout

17 mai
 
A la marge 4/5 - Nouvelles de demain
 
Le jour se leva sur la campagne, brutalement. Des vaches ! des vaches, musclées comme je n’en avais jamais vues… Christine rigola, c’était une de la cambrousse…
D’ailleurs avec le culot monstre que j’avais déjàeu l’occasion de remarquer, elle toqua àla porte de la première ferme et me pria de rester en dehors de tout ça. Elle ressortit, triomphante, une journée de travail contre le gîte et le couvert. Elle trairait les vaches, àl’ancienne et moi je rentrerais le foin. Je n’eus pas le temps de dire que j’étais musclé comme une amibe le paysan nous mena dans la grange àfoin, poser nos frusques. Puis il mena Christine àl’étable, et moi, je reçus une fourche, j’appris après que ça s’appelait ainsi.
Dix heures, àpeu près, j’étais fourbu, les reins en gelée de coing, pause casse-croà»te. Casse-croà»te ! Lapin chasseur, avec les plombs dedans et tout, pinard fromage de la ferme. On déjeune tôt, ici, pensais-je. Je me coltinais again les bottes de paille trempées et lourdes comme des camions de cailloux. Le soleil perça l’épais rideau de nuage et j’avais déjàperdu dix kilos lorsqu’on annonça l’heure de la soupe. La soupe ? Vivais-je dans un monde parallèle ?
Quart d’heure de pause après la tarte aux pommes du jardin, je craignis le pire lorsque je vis la cafetière sur le coin de la cuisinière àbois : elle y était depuis le matin. J’avais des restes de bourgeois, et je supportais mal le mauvais café. Il n’était pas mauvais, il était immonde. Je le bus jusqu’àla dernière goutte pour ne pas vexer, dans un verre où subsistaient quelques traces de vin, il me tomba directement sur l’estomac. Je pliai les genoux mais ne rompis point : le foin, m’attendait…
Le soir nous allâmes nous coucher sans télé, j’étais cassé cassé. Elle me tira par la manche. Nous étions tranquilles. Faire l’amour dans le foin, c’est beau comme image, mais ça gratte. "Merci mon chéri, bonne nuit" murmura-t-elle lorsque je m’épandis pour la troisième fois, vidé, mort. Jamais on ne m’avait appelé "chéri" sauf peut-être ma mère, et encore, avec un "e".
Tandis qu’elle sombrait dans un sommeil robuste, j’eus du mal àtrouver le mien.
Le lendemain matin matin, au café (!) le même que la veille, on nous annonça que l’on n’avait plus besoin de nous. Je fus soulagé, et Christine tira la gueule toute la matinée sur le bitume.
 
Passant devant un routier, je lui proposai d’entrer.
- Avec quel blé ? jappa-t-elle, non sans une certaine logique…
- Celui-là, je me suis payé dans la caisse du fermier, hier soir.
- T’es un vrai salaud…
- Authentique. Mais la survie, l’homme est un chacal. Il y a les bouffeurs et les bouffés…
- Epargne-moi ta morale àdeux balles et entrons…
 
Manger. Baiser. Dormir.
- Le reste est de la guirlande, pérorais-je en me curant les dents.
- T’as raison. T’as aussi taxé la caisse du restau…
- Comment t’as deviné ? Cours ! en zigzag, ils ont deviné aussi !
Le plomb vola qui alla se ficher dans le pare-brise d’une bagnole bêtement garée là. Christine hulula et continua àcourir, mais en boitant.
- Dans le talus, j’ai jeté la caisse ils devraient se calmer…
- Pourquoi t’as fait ça ? Aaaah !
- Cause pas tant ! cours !
 
A suivre... demain !

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